Nous étions une soixantaine, samedi 30 novembre 2019 à réfléchir ensemble à cette question,

à échanger et partager nos expériences, réflexions...

 

Retour sur cette journée.

Que fait-on, a l'école, pour construire le monde de demain ?

 

 

 

"L'humanité est confrontée à des révolutions sans précédent, tous nos vieux récits s'émiettent, et aucun nouveau récit n'est jusqu'ici apparu pour les remplacer. Comment nous préparer, nous et nos enfants, à ce monde de transformations inédites et d'incertitudes radicales ? Un bébé qui nait aujourd'hui aura trente et quelques années en 2050. Si tout va bien, il sera encore là en 2100 et pourrait bien être un citoyen actif du XXII° siècle.

 

Que devrions-nous enseigner à ce bébé pour l'aider à survivre et à s'épanouir dans le monde de 2050 ou au XXII° siècle ? De quel genre de compétences aura-t-il besoin pour trouver un emploi, comprendre ce qui se passe autour de lui et se repérer sans le dédale de la vie ?"

 

"21 leçons pour le XXI° siècle" Yuval Noah Harari

 

 

 

Nous ne sommes pas devins. Personne ne sait de quoi le monde aura l'air en 2050.

 

Ces questions demeurent sans réponse et nous en prétendons pas que cette journée permettra d'y remédier. Mais en tant qu'adultes, en tant qu'enseignants, formateurs ou éducateurs, désireux d'œuvrer pour une société toujours plus humaine, il nous appartient d'engager une réflexion sur ces questions et d'amorcer les changements qui accompagneront l'évolution de notre monde.

 

L’une des sources de souffrance de la condition humaine, c’est le sentiment d’impuissance et le fait de « se sentir empêché ».  D’où l’intérêt de chercher,  ici, ensemble, aujourd'hui, à développer du pouvoir d’agir puisque c’est dans l’action que peut naître ou renaître le sentiment d’exister dans la dignité.

 

Nous n'avons pas - encore ?-  le pouvoir de transformer nos institutions mais nous avons la possibilité d'investir des espaces d'initiatives, d'imaginer, inventer  des façons d'agir qui soient en conformité avec les valeurs humanistes qui transcendent les évolutions technologiques.  Nos expériences singulières et nos projets respectifs sont précieux, mais c'est dans la rencontre, lorsque d'autres s'en emparent, les questionnent, se les approprient qu'ils se développent et deviennent une vraie richesse pour la société.

 

Nous vous invitons donc à profiter de cette journée pour  partager votre réflexion, vos expériences. Nous vous invitons à être à l'écoute de celles des autres et à entrer ensemble dans une co-réflexion créative et constructive.

 

Puisse notre association entretenir notre désir et notre pouvoir d'agir en nos lieux.

 

Josse Annino

 

                                                                                              

 

1.     Atelier "Lire le monde"avec Vincent et Kévin

 

Prendre appui sur les récits filmiques d'aujourd'hui pour réfléchir au monde de demain.

 

De quels outils disposons nous -  l'école, les enseignants, les adultes, pour mettre de l'intelligibilité dans un monde confus ? Nous interrogerons la fonction du récit (spécifiquement le récit cinématographique)  comme lieu de l'élaboration et de la structuration de notre compréhension du monde contemporain.

 

Le récit filmique devient alors une modalité pour offrir un espace de réflexibilité aux enfants, aux jeunes et aux adultes sur notre réalité commune et partagée.

 

 

 

2.     Ateliers  anthropocène avec Emmanuel et Laetitia

 

Accéder à une autre compréhension de notre monde et de ses enjeux écologiques par l’expérience d’un parcours sensible et poétique.

 

Comment ouvrir d’autres chemins de pensée et de compréhension des défis de nos sociétés à l’heure de l’Anthropocène, qui apprennent et encouragent à agir ?

 

Cet atelier propose la découverte et une première expérimentation d’un projet pédagogique d’éducation au développement durable basé sur un rapport poétique au monde. La rencontre de pièces radiophoniques, d’images et de textes crée un cheminement vers un autre rapport au monde inducteur d’engagement.

 

 

 

3.     Atelier pragmatique, avec Fouzia et Laetitia.

 

 Miser sur la confiance et une plus grande autonomie des élèves. Oser la classe flexible.

 

Comment ,d'une difficulté à enseigner,  est née l'idée de se tourner vers la classe flexible en bougeant les paradigmes de la classe. Comment se réapproprier ses apprentissages  ?Comment redonner le goût et l'envie d'enseigner ?

 

Un atelier pour réfléchir ensemble sur ces petits gestes qui changent le tout.

 

 

 

4.     Ateliers écocitoyenneté avec Béatrice

 

Entretenir le lien avec la nature sauvage.

 

Pourquoi la reconnexion des humains à la nature sauvage est-elle nécessaire au monde de demain ?  Quels aménagements, quels dispositifs, quelles activités mettre en place dans les écoles pour entretenir le lien des enfants aux autres qu’humains ?

 

Cet atelier propose une réflexion sur les enjeux d’une école nature, des pistes et des ressources pour la mettre en place et un échange d’expériences.

 

 

 

5.     Ateliers créatifs musicaux avec Fernando

 

Retrouver un espace de liberté et de créativité avec la musique.

 

Qu'en est-il de nos pratiques musicales ?  Qu’est-ce que faire de la musique en classe ? A partir de quoi ? Qu’est-ce qu’on peut attendre de ces pratiques ? Autant de question auxquelles nous tenterons d’apporter des réponses en imaginant des pratiques accessibles, en partant de ce qui se fait tous les jours dans la classe et en nommant les connaissances et compétences musicales et transversales en jeu.

 

Compte-rendu de l'atelier rédactionnel proposé par Cécile

 

 

 

La question posée en début de séminaire : la liberté pédagogique, comment s’en emparer ? a fait émerger et a permis de développer des réflexions à plusieurs échelles, chacun ayant pu nourrir les échanges d’expériences personnelles, de réflexion d’ordre général, théorique ou systémique, en petits groupes ou lors de travaux collectifs.

 

A l’occasion d’un atelier rédactionnel, après une journée de travail, nous avons recueilli les réflexions des membres du séminaire sous forme de courts textes individuels et nous nous sommes rendus compte qu’elles relevaient de différents domaines, même si nous ne voulons pas simplifier abusivement la diversité et la complexité des échanges et des réflexions en les faisant entrer arbitrairement sous des titres réducteurs ! 

 

 

Nous proposons donc une mise en forme de ces réflexions en trois grands domaines, avec une formulation assez libre à l’intérieur de chaque domaine, afin de ne pas restreindre la pensée de chacun en la pliant à la logique des 4 personnes qui ont dépouillé et classer les textes individuels, ni à celle de la rédactrice du présent compte rendu !

 

 

Les analyses philosophiques de Jankélévitch, citée par Philippe Meirieu lors de sa prise en parole, ont été reprises pas plusieurs textes. Ils concernent « le paradoxe de la morale » : Il faut toujours s’économiser un peu pour permettre de continuer à se donner. La nécessité d’agir moralement nécessite de se mettre à l’abri. Sinon on détruit en soi le sujet moral. Au nom de la morale détruire le sujet moral est immoral. Se préserver c’est un devoir, car c’est permettre au sujet moral en moi de subsister. 

 

Enfin, nous nous demandons comment faire pour que la prise de liberté ne soit pas une mise en danger, ressentie ou réelle ?

 

Cela suppose sans doute une prise de recul afin d'agir là où nous avons un pouvoir, aussi petit soit-il et d'accepter des contraintes que nous ne pouvons maitriser.

La complexité

 

Il faut pouvoir sortir des logiques binaires et prendre en compte la complexité, avoir une approche systémique des choses, croiser les différents regards. Ainsi, le travail de l’enseignant prend sens.

 

Pour contrer la logique d’école efficace, il semble essentiel de chercher l’efficacité ailleurs que dans les résultats en résistant à la simplification, et à l’utilisation de certains courants des neurosciences à des fins idéologiques et comme cadre théorique unique.

 

L’évaluation à grande échelle, comme système, ne peut pas être instrumentalisée afin de trouver des solutions valables pour tous , à même de faire face à la massification scolaire.

 

Il faut mettre en perspective, en contradiction, à la fois les sciences cognitives et le levier que peut représenter d'autres approches évaluatives afin d’entrer dans une réflexion complexe et féconde. 

 

 

 

Contrainte et pouvoir d’agir

 

La possibilité, voir la nécessité parfois de transformer les contraintes en ressources, en contraintes fécondes, fertiles a été réaffirmée mais de façon théorique. Des pistes concrète sont à trouver dans ce domaine.

 

Comment réagir – agir face à des injonctions contradictoires ? Cette question posée, nous devons trouver des manières d’illustrer les actions possibles à plusieurs échelles.

 

Trouvons des outils pédagogiques et pratiques permettant le pouvoir d’agir :

 

·      développement des outils d’intelligence collective (atelier psycho, word café, marché des connaissances…)

 

·       outils de connaissances : clarifier les textes, leur hiérarchie. Cette question importante est à souligner : les différents textes cadres nécessitent d’être connus, clarifiés, afin que l’enseignant sache individuellement ce qu’il est en droit de faire.

 

 

 

Prendre conscience du pouvoir dans l’acte relève d’une posture presque philosophique. Les réflexions de Fernand Deligny ont été rappelées : les petits actes ont de grands effets, et mises en relation avec un ouvrage collectif de recherche : « Mélanie tiens passe au tableau », qui décortique les micro-décisions prises par un enseignant en cours. Se relier à la conscience de toutes ces micro-décisions permet à l’enseignant de se reconnecter à son « pouvoir d’agir », à sa liberté pédagogique, dans les actes professionnels quotidiens.

 

La notion d’adaptation a été abordée. Éprouver sa liberté, c’est aussi mesurer comment on peut la mettre en œuvre dans l’application même des programmes.

 

 

 

- Analyse des pratiques pédagogiques : recenser les possibilités, les courants, les pratiques, et envisager de proposer des groupes d’analyses des pratiques (élaborer une identité « désirs d’école » en terme d’analyse des pratiques pédagogiques) et militer pour un accès de droit pour tous les enseignants !

 

- réfléchir à la communication entre nous : CNV, maïeutique, écoute empathique...

En fin de séminaire, les participants ont été invités à exprimer ce qu’ils s’autoriseraient à faire, dire, penser, en complétant le début de phrase suivant  :

 

"A l'issue de ce séminaire, je m’autorise à... "

 

• ·         Réaffirmer mes valeurs au sein de mon équipe
• ·         Intégrer « écrire une lettre d’amour » à mes objectifs d’apprentissage
• ·         Tisser parfois une relation avec mes élèves qui échappe à la pédagogie
• ·         Inviter d’autres personnes à nous rejoindre
• ·         Adhérer au collectif Désirs d’école
• ·         M'exprimer en formation en étant hors cadre
• ·         Communiquer sur le projet de Désirs d'école
• ·         Parler des projets que j'ai envie de conduire dans ma classe
• ·         A envisager que l'association puisse conduire des actions de plus grande envergure