La plupart des élèves lisent par obligation,
sans véritable intérêt pour la lecture.
Quelques rares jeunes connaissent le plaisir de lire.
D'autres déchiffrent péniblement et se détournent des livres et de leurs enseignements.
Ce qu'ils ont en commun ?
La culture des écrans et celle des récits filmiques contemporains ! C'est à travers les discours dispensés par des écrans qu'ils construisent leur vision du monde, leurs valeurs, leur identité.
L'école ne peut pas tourner le dos à cette réalité !
Nous devons leur apprendre à ne pas être des spectateurs passifs mais bien des lecteurs avertis.
Ce n'est pas parce qu'on ne lit pas, ou qu'on ne peut pas lire, que l'on doit être privé de récits et des clés de compréhension du monde qu'ils offrent.
On a tous besoin de récits pour se construire une identité et vivre ensemble.
Les récits nous parlent de la finalité de la vie, de l'humain.
Les jeunes, lecteurs ou non lecteurs, sont aujourd'hui saturés de récits filmiques, blockbuster et autres dessins animés, qui leur donne une vision pas toujours pacifiées ni porteuse d'espoir quant au monde dans lequel nous vivons.
Ils ont besoin de l’accompagnement des adultes pour s'en mettre à distance, discuter, apprendre à les questionner et les interpréter, à se positionner de façon éthique.
Les élèves ont besoin que leurs professeur.e.s s'emparent de ses récits pour penser cette culture populaire, leur faire vivre qu'ils peuvent s'en saisir pour entrer dans l'intelligibilité du monde et agir en conscience.
Ils ont besoin que des enseignants osent cette médiation, qui leur parle et parle d'eux, pour fonder une culture commune et réinvestir, sans crainte et avec curiosité, les livres et les récits patrimoniaux...
Si la lecture est au cœur des préoccupations de l'école ce n'est pas seulement parce qu'elle détermine la réussite des élèves dans l'ensemble des disciplines scolaires.
C'est d'abord parce qu'elle garantie la transmission transgénérationnelle des savoirs, parce qu'elle nous ouvre les portes de
la connaissance du monde, de soi, des autres. La lecture ne se réduit ni au décodage de signes abstraits, ni à la compréhension de textes écrits.
Lire, c'est d'abord se poser des questions sur ce que l'on perçoit, c'est interpréter le monde qui nous entoure.
L'acte de lire commence bien avant la confrontation aux signes abstraits des écritures. L'enfant nait lecteur : il décode et interprète les sensations de son corps, les expressions des visages qui se penchent sur lui, les interactions avec son environnement.
Les perceptions sensorielles et les ressentis physiques et émotionnels, sont les premiers domaines que le très jeune enfant va chercher à explorer et à comprendre. La lecture des phénomènes naturels, du monde physique, des images et des sons, relèveront eux aussi du même processus, celui en jeu dans la lecture des récits : un désir de percer les secrets d'un objet mystérieux (paysage/discours/œuvre d'art, relation,…), une attention perceptive soutenue (prise d'indices visuels, auditifs,tactiles,…) une activité mentale intense (décodage, connections, inférences, …).
L'acte de lire est un processus continue que chacun développe dès sa naissance à travers le questionnement et l'interprétation :
L'apprentissage de la lecture à l'école, puis l'étude des textes au collège et au lycée, gagne à s'inscrire dans la continuité de ce savoir faire originel et dans sa complexité.
" Lire le monde" prend appui sur la capacité des enfants et des jeunes à interroger le monde qui les entoure à travers la diversité
de ces modalités pour développer leurs compétences de lecteurs.
"Lire le monde" privilégie la lecture de récits filmiques initiatiques et contemporains comme tremplin vers les œuvres littéraires
et propose d'établir des passerelles entre le monde de la lecture et la lecture du monde.
Lire c'est aussi :
Dans cette démarche de lecture, où l'obstacle du livre et du déchiffrage est provisoirement levé, chacun retrouve des ressources singulières, et peut mobiliser toutes les formes d'intelligences pour apprendre à observer, écouter la parole et le discours de l'autre, questionner et interpréter une situation ...
Les élèves qui déchiffrent laborieusement les textes peuvent à nouveau participer activement au questionnement et à l'interprétation des récits filmiques et retrouvent une motivation pour la lecture.
Lire est toujours, et pour tous, une source de satisfaction quand la curiosité et sa satisfaction soutiennent l'effort du déchiffrage.
L'école dont je rêve...
" Les élèves travailleraient souvent en groupe pour réfléchir ensemble où coopérer. Chaque jour, ils pourraient participer à différentes activités physiques, créatives. "
Michel, 27 ans