Il faut bien lire pour bien travailler à l'école...
Mon fils n'aime pas lire. Il passe son temps derrière un écran !
Que faire avec tous ces élèves qui ne comprennent pas ce qu'ils lisent ?
La seule réponse de mes élèves à la frustration c'est les insultes ou les menaces.
Le dernier livre que j'ai lu ? Euh...
Le dernier Star wars, Le réveil de la force a attiré 10,5 millions de spectateurs.
C'est au moins la dixième fois que ma fille regarde Dragons !
Lister les livres que vous (et vos enfants /vos élèves) avez lus ce mois-ci...
Lister les films ou séries que vous (et eux) avez vu de mois ci...
Que disent les résultats ?
Ready player one de Steven Spielberg a fait rêver vos élèves. Pas vous.
Comment parler avec eux du danger des mondes virtuels sans leur faire la morale ?
"Il faut passer du monde de la lecture
à la lecture du monde."
Combien de fois Jacques Lévine ne nous a-t-il pas mis en garde face à l'artificialité de l'enseignement de la lecture et à ses conséquences contre-productives auprès des enfants qui n'ayant pas suffisamment fait l'expérience des plaisirs psychiques, plaisir de penser, d'exprimer sa pensée et de lire la pensée des autres, résistent à cet apprentissage ou butent sur des difficultés de compréhension ?
Concrètement, le projet "Lire le monde", concerne tous les enseignants de la maternelle au lycée, et en particulier ceux qui travaillent avec des élèves en grande difficulté qui ne questionnent pas le rapport à l’autre et ne sont pas entrés dans le récit de leur propre vie.
Ceux qui pourront accéder au déchiffrage, au mieux à une lecture littérale… sans accéder à la compréhension et pour lesquels l’écrit constitue a priori un obstacle, (Rased, ULIS école et collège, SEGPA, Lycée Professionnel).
Le dispositif s'inscrit dans un projet transdisciplinaire utilisant les ressources des récits filmiques contemporains. Les films sont sélectionnés non pas seulement au vu du succès commercial et des préoccupations des élèves, mais en tenant compte de l’intérêt intrinsèque et des caractéristiques correspondant à notre projet : le héros, l’héroïne est un-e enfant, un jeune qui veut comprendre le monde et y trouver sa place.
Nous faisons donc le pari que l'école peut et doit être un lieu où chaque enfant va découvrir le plaisir d'exprimer sa pensée et la pensée des autres.
Pour favoriser cette expérience en garantissant la réussite de chacun, nous proposons de suspendre ponctuellement la confrontation aux textes écrits, et de développer les compétences de lecteurs en faisant vivre aux élèves les plaisirs psychiques à travers la découverte de films contemporains. Car aujourd’hui, ce qui est au cœur de la culture commune des enfants, des adolescent-e-s et même des adultes, ce n’est ni l’oral, ni le livre mais l’image, l’écran (M. Baurens, 2016).
Le travail de lecture, de compréhension, d’interprétation se fait ici indépendamment de l’écrit. Mais s'il ne part pas forcément du texte écrit, il y revient in fine.
Il est donc possible de travailler les compétences (de lecture) nécessaires à la compréhension - interprétation d’un récit en dissociant ce dernier de la forme - privilégiée à l’école - de l’écrit.
Le projet "Lire le monde" est née en 2013, du refus d'un collectif d'enseignant-e-s de laisser des enfants et des adolescents démunis face à la complexité du monde et des récits qui en rendent compte.
“Lire le monde” relève le défi de développer les compétences de lecteur et le goût pour la littérature, particulièrement chez les élèves les plus en difficulté, à travers l'étude de récits filmiques contemporains.
Des enseignants du 1° et du 2° degré expérimentent maintenant cette médiation avec leurs élèves et développent ce projet d'action recherche.
Dans le cadre d'une formation et d'une méthodologie initialement proposées, chaque enseignant devient ainsi co-chercheur avec les autres membres du collectif et participe à la conceptualisation de la démarche et à l'élaboration progressive de différents dispositifs pédagogiques.
Traditionnellement, l'acte de lire s'applique à l'écrit et reflète la capacité des élèves à déchiffrer et comprendre un texte. Nous proposons d'élargir cette conception de la lecture à l'appréhension, la compréhension et l'interprétation des récits cinématographiques.
Proposer un apprentissage de la lecture centré exclusivement sur le décodage et l'interprétation de signes écrits abstraits, c'est priver les élèves d'un puissant levier dans le développement de leurs compétences de lecteur et dans l'accès aux savoirs. De plus, nous constatons qu'aujourd'hui, ce ne sont plus seulement les livres mais surtout les films qui constituent la culture commune des enfants, des ados et des adultes ! Nous postulons donc que des supports filmiques, plus concrets mais tout aussi complexes et exigeants que les récits littéraires, permettront à l'ensemble des élèves de devenir des lecteurs avertis, capables d'accéder au sens des situations.
Pour les élèves qui arrivent à l'école en ayant des capacités langagières suffisamment maitrisées et en ayant déjà exercé leurs compétences de lecteurs dans des expériences de vie diversifiées, l'enseignement actuel n'est pas un problème. Ils savent ce qu'ils ont à gagner à maitriser un code de plus, ils investiront cet apprentissage avec détermination, et les enseignants auront les compétences et les ressources pour adapter leurs méthodes à leurs besoins.
Le dispositif “Lire le monde” sera pour eux une occasion non conventionnelle et motivante de mobiliser leurs compétences de lecteur dans un champ d'investigation non conventionnel.
Pour les autres, le projet d'étudier des récits filmiques sera une opportunité d'aller au-delà des difficultés liées au déchiffrage d'un texte.
Ils pourront faire valoir leurs capacités d'attention (observation/écoute), la singularité de leur questionnement et de leur pensée (interactions langagières, débats interprétatifs) et être reconnus comme des “interlocuteurs valables” au sein du groupe classe.
Ils pourront ensuite puiser dans cette expérience de la réussite et dans les compétences de lecteur ainsi développées pour retourner, plus en confiance et intellectuellement mieux outillés, vers l'écrit.
JAO
L'école dont je rêve...
" Les élèves travailleraient souvent en groupe pour réfléchir ensemble ou coopérer. Chaque jour, ils pourraient participer à différentes activités physiques, créatives. "
Michel, 27 ans